(Cet article a été publié sur le site de la FFMBE (fédération française du massage bien-être))
Durant le massage, le cerveau est monopolisé par les sensations physiques. Ce qui autorise le lâcher-prise. Un état comparable à l’hypnose ou à la méditation.
La séance de massage constitue une séance de lâcher-prise durant laquelle le recevant va mettre entre parenthèses ses soucis, ses urgences, son stress. Un repos qui par certains aspects s’avère plus puissant que le sommeil, car sans risque que le cerveau ne se mette à gamberger tout seul, voire à cauchemarder. Un repos du corps qui appelle, dans son sillage, celui de l’esprit. Un esprit entièrement monopolisé par les sensations reçues par le corps.
La perception du recevant est la suivante : je m’occupe de moi ; je suis en sécurité dans un cocon ; je suis en repos et relâchement total ; j’écoute les sensations que reçoit mon corps, sans pour autant avoir à en faire l’effort ; je peux oublier tout ce qui est autre que la sensation qui m’est offerte ; mon cerveau est monopolisé par les sollicitations de mon épiderme ; je peux ne plus penser sans pour cela me sentir vide.
Cependant, attention, le lâcher-prise n’est pas donné à tout le monde. Ou du moins, pas lors des premiers massages. Le lâcher-priser peut être une découverte progressive, une acceptation, qui nécessitera plusieurs massages pour s’installer.
En jouant sur tous les registres du toucher (perception, solidité, sens) le massage ouvre un chemin pour se réapproprier son image corporelle
La démarche qui conduit une personne à venir vers un masseur bien-être passe en premier lieu par un rapport à son propre corps. Il faut accepter d’être touché. Pour faire cette démarche, il est donc nécessaire d’avoir fait soi-même un certain chemin quant au rapport à son corps.
Ce chemin se prolonge dans le massage. Pour certaines personnes, le fait même d’avoir franchi le pas constitue une petite victoire sur elle-même qui procède déjà d’une modification dans l’acceptation de son corps et dans la valorisation de son image.
Ceci posé, le bénéfice réside surtout dans le massage lui-même qui, plus particulièrement pour un massage corps entier, va conduire à renforcer l’image corporelle globale : à la fois la perception de l’unité du corps, puisque le massage concerne toutes ses parties, et également la perception de la « solidité » du corps car le massage va aller mobiliser les muscles cachés sous la carapace.
À partir de là s’ouvrent toutes les portes d’un travail sur le rapport corps/esprit, dans la veine de la psychomotricité.
Le massage peut également envoyer un message de « sensibilité », voire de « sensualité », qui s’avèrera une découverte ou, le plus souvent, une reconquête, une ré-autorisation, de l’acceptation de soi-même comme « être sensuel ». Avec pour immense avantage que cette reconquête ne provient ni de soi-même ni d’un autre qu’il faudrait gérer. Le masseur est là pour cela : son geste a ceci de particulier qu’il peut être reçu avec bienveillance tout en demeurant neutre. Une situation très confortable pour le recevant, qui s’autorise une réappropriation sans risque et sans engagement.
Le massage œuvre à l’harmonie énergétique du corps
Le rééquilibrage énergétique du corps est certainement l’intention la plus ancienne et la plus évidente du masseur. Elle n’en est pas moins la plus délicate à exprimer en une technique repérée et stabilisée.
Ainsi, le masseur ayurvédique traduira le plus souvent cette intension par des gestes en surface des fascias (par opposition à dans le muscle) et appliqués à de grandes longueurs (tout le membre, ou tout le corps – « grande croix »). La main va en quelque sorte électriser le corps en jouant des polarités qui s’expriment entre les différentes parties du corps et, par ailleurs, entre le masseur et le massé. Le parcours de la main respecte également l’agencement des méridiens et témoigne de l’intérêt de rétablir, ou d’améliorer, la circulation de l’énergie vitale sur les autoroutes énergétiques du corps.
Cette représentation « électrique » du parcours de la main ne se retrouve pas dans des approches telles que le shiatsu ou le massage thaï, qui vont ambitionner le même objectif de libération des énergies, mais en travaillant essentiellement en points de pression. Dans ce cas, le masseur semble créer des courts-circuits, ou du moins imprimer des sollicitations, qui relèvent du déblocage des embouteillages des points névralgiques des autoroutes énergétiques, mais également contribuent à redonner au corps la représentation, en pointillé, de sa propre existence énergétique. Dire au corps qui il est et de quoi il est, afin qu’il retravaille lui-même la plénitude de ses potentialités.
Enfin, le masseur suédois va parcourir le corps et identifier des zones qu’il pourra considérer plus particulièrement dans une approche énergétique. Il pourra alors travailler à libérer les énergies bloquées ou contrariées, en conjuguant différentes techniques de pression et de lissage.
Au total, le massage ayurvédique s’intéresse aux autoroutes, le shiatsu aux échangeurs, le massage thaï aux ronds-points, le masseur suédois s’aventure sur le réseau secondaire et… tous contribuent à la bonne régulation de l’ensemble, ainsi qu’à la cartographie du réseau par le cerveau.
Source : blog de Joël Demasson. www.Joel.mic.fr
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